Scholavie, une vie pour apprendre à vivre

Scholavie, une vie pour apprendre à vivre

Il n’y a pas que l’apprentissage académique dans la vie. Scholavie œuvre pour le déploiement des compétences psychosociales à l’école. Rencontre.
14 October 2024
par Vianney Louvet
6 minutes de lecture

Les compétences psychosociales ça vous parle ? Parce que ça pourrait bien être ce qui nous permet de traverser l’existence, Scholavie agit pour tous les professionnels de l’éducation et de la santé. Objectif ? Développer leurs compétences psychosociales (CPS) et celles des jeunes qu’ils accompagnent au quotidien à l’école. 

Vous descendez l'escalier qui mène au sous-sol. Au sous-sol, on vous emmène encore un niveau en dessous. Et là, une salle, une table. Sur la table, une lumière un peu trop agressive. L'inspecteur, c'est vous. Et aujourd'hui, vous allez interroger Scholavie. Cette association, vous la cherchiez depuis longtemps. Pour vous, elle est coupable de vouloir changer le monde en passant par ceux qui font ce monde : les gens. Son arme présumée, l'éducation. Respectons la présomption d'innocence et posons-lui d’abord quelques questions.

Nom, prénom : mon est vie, schola-vie. 

Un nom qui vient de "schola", parce que l'école, ses jeunes, ses éducateurs et éducatrices sont le cœur du projet de Scholavie et puis "vie" parce que c'est bien au service de la vie que tout ceci a lieu. Et apprendre à vivre, à ce qu'on raconte, ça prend du temps et ça se fait mieux à plusieurs. 

Origine : la rencontre de deux mondes

À la base de toute cette histoire, il y a deux personnes. D'un côté une économiste, une certaine Vanessa par ailleurs passionnée d'éducation et de l'autre, Laure, une enseignante. 

Vanessa se plonge avec goût dans les questions éducatives et constate sa dimension hors-sol quasi systématique : l'école, c'est un monde "à part", éloignée de la politique, éloignée de sa famille, éloignée même de son propre corps... Et puis Vanessa découvre ce qui va tout changer, un de ces mystérieux coups de foudre qui font basculer votre existence. Coups de foudre ou CPS de foudre. Les CPS. Comprenez : "Compétences Psycho-Sociales". C'est en lisant un article de James Heckman que la révélation éclate : il y a donc tout un pan de la recherche qui travaille sur ces compétences depuis 50 ans.

Faisons un pas de côté pour bien expliquer ce mot qui sonne presque pompeux et qui est pourtant la base d'à peu près tout. Tout, parce que cela désigne les compétences qui vous aident ... à traverser la vie, à en profiter et à faire face aux difficultés. Rien que ça. Ces CPS regroupent des compétences cognitives, émotionnelles et sociales. Elles permettent un travail de prévention, de gestion des angoisses, des émotions et n'ont donc rien à voir avec un travail de thérapie ou ce très large et hétéroclite écosystème du développement personnel. Ce que fait Scholavie, c'est du développement professionnel, à destination de professionnels donc, et les CPS ont des typologies très claires, définies, reconnues (voir notamment les référentiels de l'OMS datant des années 1990, ou celui de Santé Public France plus récemment, en 2022). 

Revenons à nos moutons. Laure arrive elle aux CPS par sa pratique et son envie de mieux accompagner ses élèves dans leur capacité à développer leur esprit critique, leurs émotions. Mais cet élan se trouve rapidement limité : peu de ressources et d’outils pour creuser tout ça, pour convaincre ses collègues... Qu'à cela ne tienne, elle le fera elle-même. Ou plutôt elles-mêmes. Le hasard (ou un petit peu plus que le hasard) pousse Laura et Vanessa à se rencontrer et l'histoire commence.

Âge : jeune et déjà sage

Scholavie fête ses 5 ans cette année. Une naissance en 2019 légèrement troublée par la Covid, qui aura ralenti le lancement et surtout apporté sa dose de stress (l'association disposait de 2 années pour faire ses preuves et ainsi lever des fonds). Point positif tout de même, au milieu des tests PCR et masques cousus par ton petit frère : la pandémie aura accéléré la prise de conscience de l'écosystème que ces enjeux autour des CPS sont tout sauf anodins.

Lieu de naissance : la capitale

Laure et Vanessa sont toutes les deux parisiennes et c'est dans cette même ville que l'association évolue aujourd'hui.

État civil : célibataire, indépendante, battante

Scholavie est une association loi 1901 à but non lucratif. Et si vous êtes un inspecteur ou une inspectrice vraiment curieuse, sachez qu'en termes de revenus, 15% du budget est de l'autofinancement (provenant de la vente de formations sur terrain, auprès des académies) et 85% du mécénat privé et des subventions. On ne peut rien vous cacher.

Taille : 15

Scholavie, c'est aujourd'hui une équipe d'une petite quinzaine de personnes. 9  membres d'une équipe opérationnelle et 6 formateurs sillonnant la France dans pas loin de 22 académies (sur 30) ! L'équipe regroupe des personnes qui ont entre 24 et 50 ans, 3 nationalités sont présentes. La pointe émergée de l'iceberg suggère aussi toutes les personnes formées, tous les formateurs et formatrices de l'éducation nationale qui deviennent autonomes et permettent aux CPS de se déployer dans les écoles (une trentaine aujourd'hui). Cette équipe est elle-même une vitrine de l'importance de la formation et des CPS :  sa culture de travail incarne sa mission, en témoignent les ateliers CPS pour les salariés, les masterclass proposées tout au long de l'année, etc. 

Digression non-inutile : il y a chez Scholavie un vrai respect de l'éducation nationale, le but n'étant pas de casser du sucre sur son dos - beaucoup pratiquent pourtant cette activité avec brio - mais bien de respecter le travail du million d'employés de cette institution et de les accompagner dans leur mission, au quotidien.

Un dernier point sur l'équipe : s'il fallait jeter des mots fleuris pour la décrire, il y en aurait 4 : l'optimisme et le collectif (la conviction profonde qu'on peut collectivement aller vers une amélioration de la situation et non ce n'est pas du postiv washing), la joie (un levier d'engagement qu'on pressent fortement en échangeant avec eux), l'agilité et l'ouverture d'esprit (se poser en permanence des questions simples "qu'est-ce qui marche ? “comment concrètement améliorer le quotidien des enfants ?”),  et enfin les compétences (Scholavie est performante dans le sens "pointue" dans son travail, allez donc faire un tour sur le site internet pour constater l'appui scientifique conséquent qui guide les orientations de chaque projet).

Adresse : partout, surtout ici

On l'a dit : Scholavie, c'est 22 académies sur 30 en France, avec des formateurs et formatrices qui rayonnent un peu partout autour de l'équipe pilote, située elle au Philanthrolab, un lieu dédié à la philanthropie qui accueille associations et fondations à Paris.

Poids : c’est du lourd

Si vous aimez les chiffres, vous allez vous régaler. Scholavie, c'est pas moins de 8000 professeurs déjà formés, 150 000 téléchargements des outils par an, grâce notamment à leur nouvelle plateforme, qui leur permet un passage à l'échelle presque "venu tout seul". Ajoutons à ces nombres joyeux les 500 000 enfants et adolescents touchés par les actions de Scholavie. Wahou. La suite s’annonce folle. 

Sécurité sociale : pour très bientôt ?

Avec Scholavie, notre sécurité humaine, intérieure, collective, sociale ne peut qu'augmenter. L'association n'agit pas uniquement au niveau des individus. Son travail de plaidoyer a réussi à embarquer d'autres acteurs du système pour que les CPS soient pleinement reconnues. Le message est martelé, répété, prouvé : les CPS ne sont pas une cerise sur le gâteau, réservée à ceux qui vont déjà bien, aux milieux les plus aisés, ce n'est pas une option, c'est fondamental. Et si vous lisez cet article depuis le début, vous commencez à comprendre pourquoi.

Et si les CPS sont cruciales aujourd'hui, elles le seront encore plus demain. Quand Pablo Servigne parle de l'importance de la coopération juste après avoir alerté sur les risques d'effondrement de notre civilisation, ce n'est pas un hasard. Ces compétences d'adaptabilité, de gestion du stress, de lien à l'autre sont la pierre angulaire de la transition écologique et sociale qu'il nous faut amorcer avec beaucoup plus d'efficacité...

C'est donc pour toutes ces raisons que Scholavie travaille main dans la main avec les institutions, et espère, dans un monde idéal, ne plus avoir à exister, toute cette expertise étant dans ce même monde idéal accumulée et portée par le système. On y croit…

Coordonnées : un petit site pour la route

Si vous souhaitez en savoir plus, si vous souhaitez mieux comprendre ce que sont les CPS, filez faire un tour sur leur site, très riche : https://scholavie.fr/

Et si vous voulez vous former, que vous êtes pros du secteur, la plateforme de formation, gratuite, va vous régaler. Pour toute autre question : bonjour@scholavie.fr

Bilan de l’interrogatoire : Scholavie est plus que coupable, la lumière blafarde braquée sur cette association nous a donc révélé ses intentions machiavéliques. L'école nous touche tous et toutes, osons parler de l'importance de développer ces compétences psycho-sociales dans notre monde, dans nos familles, dans nos classes, osons préparer le terrain des futures générations (et le nôtre, par la même occasion).