L’histoire de la Science a souvent été écrite au masculin, reléguant les contributions féminines à l’ombre des grandes découvertes. Ce n’est pas la quasi absence de noms de femmes scientifiques dans nos livres d’histoire qui prouvera le contraire ! Victimes de l’effet Matilda, phénomène qui invisibilise les femmes de science au profit de leurs homologues masculins, elles sont pourtant nombreuses à avoir révolutionné le monde des sciences. Leurs découvertes nous ont fait faire des pas de géants (parfois même sur la lune), et ont grandement influencé le monde dans lequel nous évoluons : lumière sur cinq d’entre elles.
Ada Lovelace (1815-1852), mère de l’informatique
On associe très souvent l’invention de l’informatique à Alan Turing, considéré comme en étant le père. Ça n’est pas complètement faux, mais on omet presque toujours de dire qu’avant ce père, il y a aussi et surtout eu une mère de l’informatique : Ada Lovelace.
De toute l’histoire des sciences, cette comtesse mathématicienne britannique est la toute première à publier un algorithme, en 1843. Ce dernier est destiné à la machine analytique de Charles Babbage, qui, bien qu’elle n’ait jamais été finie, est considérée comme l’ancêtre de l’ordinateur tel que nous le connaissons. Pour faire simple, les premiers langages informatiques, c’est elle. Pourtant ses travaux tombent dans l’oubli, jusqu’à ce que ce bon vieux Turing les redécouvre, et s’en servent pour fabriquer ce qu’on considère comme le tout premier ordinateur, connu sous le nom de « machine de Turing ». C’est un parfait exemple de l’effet Matilda.
Rosalind Elsie Franklin (1920-1958), à la découverte de l’ADN
Si aujourd’hui on sait reconnaître une molécule d’ADN dès l’école primaire (oui enfin presque), quelques décennies en arrière, ce n’était pas la même histoire. C’est à la moitié du XXe siècle qu’une jeune femme dénommée Rosalind Elsie Franklin entreprend des travaux sur l’acide désoxyribonucléique (que nous appellerons ADN pour des raisons évidentes de prononciation). C’est elle qui découvre sa structure en hélice grâce à la mesure de la diffraction des rayons X (facile, non ?).
Vous n’avez jamais entendu ce nom à l’école ? Eh bien c’est sûrement parce que trois hommes ont eu accès et ont utilisé les travaux de Rosalind pour s’en attribuer les mérites. Devinez, d’ailleurs, qui sont les trois lascars qui obtiennent le prix Nobel pour ces travaux en 1962 ? Crick, Watson et Wilkins. « ADN » pour Attribution Déloyale et Narcissique des travaux d’une autre.
Katherine Johnson (1918-2020), pionnière de la NASA
Au XXe siècle, être une femme reconnue dans le monde des sciences sonne comme une utopie. Alors quand on est une femme noire dans une Amérique ségréguée, le chemin ne s’annonce que plus compliqué. Qu’à cela ne tienne, Katherine parvient à rejoindre la NACA - ancêtre de la NASA - en 1953.
Reconnue pour la complexité et la fiabilité de ses calculs, elle est affectée au secteur de l’aérospatiale. On lui demande la lune, et elle la donne, en contribuant grandement à la mission Apollo 11. À ses côtés pour réaliser ses analyses, vérifications de trajectoire et calculs informatiques : une constellations de talents féminins, dont la mathématicienne et informaticienne Dorothy Vaughan ou l’ingénieure Mary Jackson. Le film Les figures de l’ombre retrace d’ailleurs leur histoire, et leurs luttes autant féministes que contre la ségrégation, pour l’émancipation des femmes afro-américaines. Les 3 vrais mousquetaires, c’est elles.
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Hedy Lamarr (1914-2000), scientifique hollywoodienne
Son visage vous dit probablement quelque chose, et c’est bien normal : Hedy est d’abord connue comme étant une actrice hollywoodienne. Mais ce n’est pas tout : elle est aussi une passionnée de sciences, inventrice d’un système qui influence encore nos vies aujourd’hui.
En 1941, à l’occasion d’une soirée mondaine, elle rencontre George Antheil, un pianiste qui s’intéresse à l’armement. Nous sommes en pleine Seconde Guerre mondiale.
Ensemble, ils pensent un système de cryptage des communications applicable aux torpilles radioguidées, basé sur un émetteur-récepteur. Ils déposent un brevet en juin de la même année, mais leur invention est ignorée et laissée aux oubliettes. Ce n’est qu’une vingtaine d'années plus tard qu’elle est réutilisée pour les appareils à transmission. Aujourd’hui, les téléphones portables, les GPS ou la WIFI fonctionnent grâce à ce système pensé par l’actrice et le pianiste !
Gertrude Belle Elion (1918-1999), prix Nobel de physiologie ou médecine
À la fois biochimiste, virologue, immunologue et pharmacologue, Gertrude Elion, accompagnée de son collaborateur George Hitchings, développe des médicaments pour traiter la leucémie ou prévenir les rejets de greffe rénale. Rien que ça. Ses recherches sont telles qu’elle reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1988.
Ses découvertes ont également servi aux traitements contre le paludisme ou le VIH.
Aujourd’hui, certains des médicaments qu’elle a trouvés font partie des médicaments essentiels sur la liste de l’OMS.
Son nom a été donné à deux prix : le Gertrude B. Elion Cancer Research Award pour la recherche pour le traitement et la prévention du cancer, et le Gertrude B. Elion Mentored Medical Student Research Award, pour soutenir les femmes étudiantes en médecine, voulant mener des projets de recherche.
Des femmes qui continueront à changer le monde, on en rêve encore des milliers.
Pour que le rêve se concrétise et qu’un jour, le domaine des sciences fasse la part belle à l’égalité des genres, l'UNESCO et ONU-Femmes ont fait du 11 février la Journée internationale des femmes et des filles de science. Aujourd’hui seulement 35% des étudiants dans les domaines liés aux STIM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) sont des femmes. Dans le monde, la part des femmes scientifiques ne s’élève qu’à 33%. Mesdames, si vous avez des atomes crochus avec la science, soyez les électrons libres qui changeront la donne.