Pour mieux orienter ses actions, makesense a défini il y a quelques mois sa boussole. Cinq axes à prendre en compte pour permettre à chacun et chacune de tenir le cap d’une société désirable, durable et inclusive. Parmi ces 5 points cardinaux : développer des capacités d’initiative et d’adaptation.
Dans les nombreux événements que nous organisons au quotidien, une question revient en permanence : “à quoi bon ?”. Un point d’interrogation saveur lassitude et abattement, symptôme d’une sidération et d’un sentiment d’impuissance face à un monde qui prend feu, dans tous les sens du terme.
On pourra utiliser toutes les métaphores du monde, des petites gouttes qui font les grandes rivières, au flocon de neige qui crée l’avalanche, la réalité reste ce qu’elle est.
Bon. Et alors, docteur, une fois qu’on sait que c’est grave, une fois qu’on a compris que nos petites épaules n’allaient pas créer de tsunami, dans quelle direction aller ? La réponse est peut-être dans la question. Aller vers, se mettre en mouvement, agir, encore et encore. L’action comme “antidote du désespoir” nous dit Joan Baez. Et à l’artiste, la scientifique fait écho. Valérie Masson-Delmotte, rapporteuse du Giec considère elle qu’ “agir peut apporter beaucoup de bénéfices, et permet notamment d’avoir le sentiment de construire la société que l’on souhaite et non de la subir”.
Le paradoxe de l’action : d’un côté ralentir
Mais une fois que le mot a été lâché, tout reste à faire. Car “agir” c’est un peu l’anneau de Frodon : c’est le jour où l’on dira qu’elle n’existe plus que tout sera résolu.
L’action renferme un paradoxe frappant.
D’un côté, on le pressent, on le lit dans les livres des philosophes, on l’entend dans la voix de tel penseur, la première action à mener, c’est celle de moins agir, de ralentir. Voltaire disait “Le monde avec lenteur marche vers la sagesse”, apprendre à faire moins et même à ne rien faire, et à ne “rien faire consciencieusement”, c’est une forme de lutte puissante, complètement hors du logiciel capitaliste qui promeut croissance, rapidité, rendement et autres joyeusetés.
Mais le risque c’est de se tromper et de transformer ce ralentissement en inaction, de nous figer et de nous enfoncer dans les conforts de nos théories et grandes réflexions. L’intranquille Fernando Pessoa a beau avoir réfléchi toute sa vie à d’abyssaux sujets existentiels, il n’en reste pas moins convaincu que “l’action rapporte toujours plus que la propagande”. Quitter le réel, la violence du réel a quelque chose de soulageant. Se contenter de débats intellectuels fait l’économie du vécu “dans la chair”, des vagues émotionnelles qu’apporte le monde avec lui. Et ainsi on fuit. On n’écoute plus son désir profond, on ne lui offre plus de porte de sortie, d’engagement et on le laisse macérer en nous. William Blake en parle ainsi : “Le désir non suivi d'action engendre la pestilence.”
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De l’autre, accélérer
Ralentir et le faire “en collant au réel”, donc.
Et en même temps, accélérer. On n’a pas le choix. Il nous faut intensifier la lutte. Où que l’on regarde aujourd’hui, il y a urgence. Et la complexité de nos sociétés, de nos hiérarchies, de nos institutions est un frein de taille à cette action, Einstein le disait déjà : “La bureaucratie réalise la mort de toute action”.
Il nous faut donc agir plus, mais en ralentissant… Si, si c’est possible. “Agir plus”, dans le sens “agir mieux” et non pas “agir plus vite”. Et agir mieux, cela veut dire prendre le temps de penser l’action, de la préparer (d’où la lenteur).
“Toute agitation n'est pas action”, nous rappelle Erik Orsenna de l’Académie française. L’urgence peut nous pousser dans une précipitation piège et nous faire perdre du temps en pensant le gagner. Exemple frappant avec l’étude de Carbone 4 “Faire sa part” : on peut mettre toute son énergie et son temps dans une vie radicalement zéro déchet, cela n’aura pas l’efficacité de 3 clics pour opter pour une épargne plus éthique.
Se précipiter c’est aussi le risque de se griller, de traverser “le burnout militant” de plus en plus fréquent, se précipiter c’est le risque de se tromper de cible, de se lancer dans des micros combats entre convaincus, de ne pas être capables de s’allier quand faire front devient nécessaire, à la manière des partis politiques de l’arc écologiste et social, se précipiter, c’est stressant, c’est fatigant, bref ce n’est pas s’offrir un quotidien à l’image de ce que l’on prône : un monde plus harmonieux, plus heureux et plus simple.
Agissons, mais agissons donc comme on fait de l’art, en laissant le temps et la réflexion se déployer : “L'action est musique”, nous dit Charlie Chaplin.
Retrouver son élan pour agir
Et imaginons que d’un point de vue “stratégique” tout soit vraiment foutu. Qu’il soit trop tard. Même là, l’action comme “art de vivre” est justifiée.
Parce qu’agir, c’est avant tout se poser la question de ce qui nous bouge, ce qui nous rend vivant, ce qui nous donne envie de le rester. Agir c’est aller toucher un point en soi “sacré” qui nous rappelle la place unique qu’à chaque individu dans ce monde.
Alors oui, il va nous falloir du courage. Agir avec “courage”, étymologiquement “avec le cœur”, c’est oser sortir du rang. Les précurseurs sont souvent considérés comme fous. “L'action est une brève folie,” dit Paul Valéry, espérer aussi pourrait-on ajouter.
Où trouver l’énergie de continuer à oser ? De ne pas reproduire la chaîne des injustices, de ne pas transformer notre colère en amertume ? Où aller puiser un carburant pour trouver l’élan de se réveiller chaque matin ?
La réponse est passionnante, parce qu’elle existe en 8 milliards de versions. Et c’est cette réponse que l’on cherche chez makesense. Chaque programme, soirée, accompagnement, outil est pensé pour aider ceux et celles qui se rapprochent de nous à trouver ce pour quoi, ce dans quoi ils seront heureux et heureuse d’agir, ce dans quoi l’action trouvera tout naturellement sa ressource.
Et une fois cette place, cette mission clarifiée, la magie de la communauté opère. Agir pleinement, avec ses tripes, c’est inévitablement pousser ses proches à suivre le mouvement, la danse de Chaplin, le “je me révolte, donc nous sommes” d’Albert Camus. Chez makesense, nous aspirons à une action collective, renouvelée par la diversité des cerveaux et des vécus, à une réaction en chaîne qui permette d’allier une action juste, une lenteur concentrée et une efficacité joyeuse.
Développer ses capacités d’initiative et d’adaptation en 43 secondes chrono
1. Prendre le temps de se poser pour bien cerner la situation (plutôt que de foncer tous azimuts au risque de s’épuiser)
2. Choisir le combat qui nous fait vibrer, celui qui nous remue le cœur et les tripes
3. Rejoindre son clan, trouver des allié·es, agir en collectif
4. Militer, s’engager, résister dans la joie
5. Récupérer, ralentir et recommencer