Pour une transition juste, par et pour tous·tes les jeunes

Pour une transition juste, par et pour tous·tes les jeunes

Comment embarquer les jeunes issu·es des quartiers populaires en première ligne des désastres écologiques dans la transition écologique ?
17 November 2022
par Irène Colonna d'Istria
3 minutes de lecture

Doit-on être une femme, habiter une grande ville et avoir un bac+5 pour être reconnu comme écolo ? Les jeunes issu·es des quartiers populaires en première ligne face aux désastres écologiques, ont aussi leur mot à dire. Pour construire et accélérer avec elles et eux un mouvement qui sera collectif et inclusif ou ne sera pas, makesense et GHETT’UP ont mené l’enquête*. Objectif ? Permettre à tous·tes les jeunes d’investir le champ de l’écologie par la parole et l’action pour se réapproprier leur destin. 

Personne ne peut le contester : la prise de conscience écologique s’est largement accélérée ces dernières années, en particulier chez les jeunes. En témoigne le succès des grèves de l’école lancées par la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg. Souvenez-vous… Le 20 septembre 2019, des jeunes désertent les bancs des collèges et des lycées dans 156 pays pour protester contre l’inaction des gouvernements dans la lutte écologique. Le mouvement a ralenti mais s’est tout de même poursuivi avec la crise sanitaire.

Changement climatique partout, justice nulle part

Si des jeunes se mobilisent, en France, selon le collectif de sociologues “Quantité critique”, les jeunes grévistes sont en majorité des femmes issues de milieux sociaux privilégiés se déclarant de gauche ou d’extrême gauche. Il en est de même pour les jeunes qui participent aux marches pour le climat et les jeunes membres d’associations écologistes. Ce sont pourtant les jeunes issu·es de quartiers populaires qui sont les plus vulnérables face au changement climatique. Ce sont également celles et ceux qui y contribuent le moins du fait de leurs moindres émissions. Ce sont enfin celles et ceux qui pourraient voir leurs quotidiens et leurs futurs transformés par cet engagement. Alors que le dernier rapport du GIEC a mis en lumière l’existence d’un lien indéfectible entre crise climatique et inégalités sociales, on sait qu’on ne pourra résoudre un problème sans s’attaquer à l’autre.

20 ans, le climat et moi

En plus des freins classiques comme la peur, le manque de temps ou le sentiment d’impuissance face à l’urgence écologique, les jeunes de quartiers populaires rencontrent des freins spécifiques pour s’engager. D’après le sociologue Saïd Bouamama, "avoir vingt ans dans les quartiers populaires, c’est objectivement pour la majorité des jeunes, être dépossédé du droit à la projection et être assigné à une temporalité de l’immédiat."

Comment prendre en compte ces spécificités et donner accès à la mobilisation pour l’écologie à tous et toutes ?

Comment permettre à celles et ceux issus de quartiers populaires d’investir le champ de l’écologie par la parole et l’action ? Quelle vision les jeunes des quartiers populaires - dans leur diversité - ont-ils de la crise écologique ? Quels sont leurs engagements ?

Ce sont les questions que se sont posées plusieurs acteurs de l’engagement citoyen en France. Très vite, le constat a été le suivant : des engagements existent mais ne sont pas reconnus à leur juste valeur, à l’image par exemple du Clean Challenge d’Espoir et Création, association basée à Garges-lès-Gonesse et fondée par Hind Ayadi. En effet, certaines formes d’engagement, associées à des milieux populaires, sont délégitimées par d’autres classes sociales. De plus, l’accès à des associations qui permettraient de passer à l’action collectivement sur les sujets écologiques reste difficile sur ces territoires.

Étude et plan d’action

Parce qu’agir ensemble pour l’écologie permettrait aux jeunes d’améliorer leur vie quotidienne et d’augmenter leur capacité à se projeter comme acteurs d’un futur désirable, nous sommes passé·es à l’action. Grâce à un collectif composé de jeunes responsables d’associations engagées pour faire bouger les lignes dans les quartiers populaires et/ou pour l’écologie, et à l’apport de jeunes qui se déclaraient peu ou pas engagé.es pour l’écologie, nous avons mené une étude puis co-construit un programme d’action pour que tous et toutes puissent se projeter dans un avenir positif, acquérir des connaissances utiles et’affirmer la portée politique de l’engagement pour l’écologie.

Notre ambition collective pour les années à venir est de permettre à des milliers de jeunes de tous horizons d’agir pour l’écologie et d’en être fier·es, de gagner en pouvoir d’agir sur leur ville et leur parcours de vie. Ensemble, conjuguons écologie et justice sociale et faisons grandir le mouvement en faveur d’une transition juste, par et pour tous·tes les jeunes !

Étude : pour une transition juste par et pour tous·tes les jeunes

Parce qu’il n’existe pas (encore) de chemin tout tracé pour s’engager pour l’écologie dans les quartiers populaires, notre étude dresse un état des lieux des initiatives existantes et donne des premières pistes d’action. Vous venez faire avancer le sujet avec nous ?

Découvrir l'étude

* Cette étude a été menée par GHETT'UP et makesense avec le soutien de nos partenaires fondateurs Unis-Cité, Kabubu, l’ADEME, la Fondation SNCF et la Fondation Suez. Nous remercions également la Fondation Européenne pour le climat et la Fondation Pierre Bellon pour leurs contributions au projet.