Passer à deux tonnes en une semaine ? Mission possible. Les trucs qui marchent pour lutter à l’échelle individuelle contre le réchauffement climatique.

Passer à deux tonnes en une semaine ? Mission possible. Les trucs qui marchent pour lutter à l’échelle individuelle contre le réchauffement climatique.

C’est la période des régimes. On vous en propose d’adopter celui qui vous fera perdre quelques kilos équivalent CO2. Prêt·e à monter sur la balance ?
05 June 2025
par Vianney Louvet
8 minutes de lecture

2 tonnes. Le nouveau nombre d’or. Votre nouvel objectif équivalent CO2/an/personne pour respecter l’Accord de Paris et rester sous les 1,5°C de hausse de la température d'ici 2050. Et il suffit de 7 jours pour que tout change. À ce que racontent les rumeurs, tout autour de nous a été créé en 7 jours. Puis détruit en une civilisation. Puis réparé en 7 jours ?  

Lundi écran : la fin du règne du smartphone

Oui, on commence direct par ce qui nous chatouille : l’empreinte numérique liée à notre téléphone intelligent. D’après l’Ademe, produire un smartphone revient à consommer quatre repas avec du bœuf ou à fabriquer 5 t-shirts. Et selon Impactco2.fr, “regarder une heure de vidéo quotidienne sur smartphone génère 10 kg de gaz à effet de serre annuels, voire 30 kg de CO2 si l’on est connecté en 4G plutôt qu’en Wi-Fi”. Bon c’est nettement moins qu’une côte de bœuf argentin avalé dans un jet privé mais il n’y a pas de petites économies. 

Bref, on vous propose en ce début de semaine 3 actions, à mettre en place dès le réveil : 

  • Action 1 : on enfonce une porte ouverte mais ça commence par ça : passer moins de temps dessus, c’est moins d’énergie consommée, donc moins d’émission. Remplacez votre réveil de smartphone par un petit réveil de voyage. Oui vous pouvez voler celui rangé de la tiroir de vos parents depuis des années. À cela n’hésitez pas à vous duper vous-même, à mettre votre téléphone en noir & blanc pour le rendre moins addictif, etc. 
  • Action 2 : ne pas charger son téléphone toute la nuit. La polémique a passionné (ou pas) de (peu) nombreuses personnes. A priori, ce n’est pas intelligent pour votre empreinte carbone de laisser votre téléphone branché une fois qu’il est à 100% de batterie. Si la plupart des téléphones sont dotés d’un système qui stoppe automatiquement le courant lorsque la charge est pleine, notons que même non-utilisé un téléphone intelligent subit une faible décharge… Et dès qu’il passe sous un certain niveau, tout se réenclenche pour atteindre à nouveau 100 %. Et ainsi de suite pendant que vous ronflez. Ces allers-retours usent la batterie, surchauffent le téléphone… jusqu’au décès. À ce propos. 
  • Action 3 : parlons justement des changements de téléphone. Là aussi, limiter son empreinte passe par la seconde main, qui est partout, parfois sous garantie (Back Market) et bon marché si on cherche un peu.


Mardi gras : la nourriture nouvelle génération 

Pour vous, l’alimentation passe avant même la respiration en termes de priorité. On respecte. Mais dans ce cas, on va faire les choses bien, avec la classe de ceux et celles qui veulent continuer d’avoir la chance de bien vivre et bien manger dans 10 ans. Parce que rappelons-nous, et c’est l’Ademe qui le dit, l’alimentation représente un quart de l’empreinte carbone totale des Français. Ce mardi gourmand est l’occasion de mettre en place 6 actions pour diminuer de quelques points l’empreinte de votre assiette : 

  • Action 1 : 100% saison. Ne voyons pas les fruits et légumes de saison comme une coupe rase du plaisir, bien au contraire. On est tellement heureux lorsque la première tomate fraîche vient se déposer sur nos tartines beurrées à l’ail. On se réjouit tellement lorsque le goût de la première pêche vient titiller nos langues. Au revoir les mangues, bonjour les fraises, et jamais vos fourchettes n’auront été aussi épanouies. Pssst, si vous n’avez aucune idée de la saison du concombre, allez faire un tour sur l’anti-sèche de Greenpeace.
  • Action 2 : on vous propose un jeu. Compter le nombre de kilomètres (1 kilomètre étant 1 seconde) parcouru par chaque bouchée avant de la manger. Avant même de jouer, vous vous rendrez compte que vous aurez beaucoup d’angles morts. Première étape donc : mener l’enquête. La prochaine fois que vous achetez cet œuf, posez-vous la question de quel cul de poule il sort, et du lieu de résidence de ladite poule. Le circuit-court est la règle d’or d’une alimentation à l’empreinte carbone atténuée. Et parfois il suffit de zieuter la cagette d’à-côté pour passer d’un kiwi néo-zélandais à un kiwi français (ça fait beaucoup moins de secondes avant d’avaler sa cuillère verte vous en conviendrez). 
  • Action 3 : cette action-là est notre préférée. En effet si vous avez déjà passé avec succès la 2, celle-là est automatique : l’acte politique. En achetant en circuit court, vous limitez les intermédiaires, donc vous payez les producteurs et productrices comme il se doit. Regardez cette tranche de pain bon Dieu, regardez-la bien : si le pain vient d’on-ne-sait-où, sachez que 7% du prix tombe effectivement dans la poche du producteur de blé. Si au contraire, vous avez acheté votre miche en circuit court, ce chiffre monte à environ 75 %. Dingue, non ? 
  • Action 4 : ‍‍elle est en danger depuis les récentes secousses que nous avons subies. L’agriculture biologique est pourtant essentielle pour préserver le vivant, dont nous faisons partie. Qu’est-ce que “manger bio” alors ? Et est-ce en ce mardi, la semaine à peine commencée, que nous allons répondre à la question ? On fera bref : la bio, avant d’être un logo, c’est une agriculture qui 1) intègre des mesures de justice sociale à ses pratiques 2) attache une importance à conserver une “taille humaine” avec tous les guillemets possibles 3) prend en compte la biodiversité et sa préservation dans son travail et 4) ce morceau de tomme de brebis dans lequel vous vous apprêtez à croquer vous le dira mieux que nous : l’agriculture vraiment biologique, c’est dans le mot lui-même, accorde une importance certaine au bien-être animal, à la vie quoi. 
  • Action 5 : parlons animaux, justement. Avant de faire votre vaisselle du mardi, un point sur l’épineuse question carnée. Vous connaissez ces chiffres, 1kg de bœuf, c’est 27 kg de gaz à effet de serre, ça fait mal à notre bilan carbone. La viande bovine, c’est d’une part 40% des émissions de l’élevage mais seulement 20% de la consommation totale de viande. Pour ne rien arranger, une vache, surtout si elle n’est pas de chez nous en France, est souvent synonyme de déforestation (en 2021, 75% de la déforestation en Amazonie est liée à l’élevage bovin). La question à poser est donc : quelle consommation de viande ai-je ? Quel type de viande mange-je (pas facile à dire) ? Quelles conditions d’élevage ? 

Action 6 : en vous lavant les dents mardi soir vous penserez à cela : “lors de mon prochain repas, je ne commencerai pas en disant : “de quoi ai-je envie ?” mais plutôt “de quoi mon frigo a-t-il envie pour moi ?”. Parce qu’en l’ouvrant, vous verrez ce bol de yaourt qui se meurt au fond, vous verrez aussi cette salade de fruit de la veille en pleine agonie. Et ce pain sec, n’est-il pas encore mangeable ? En salade chèvre chaud, tartine grillée, ça passe. Pensez aux 5 kg de pain gaspillés par an et par personne… En faisant tout cela, vous limiterez votre gaspillage, 20% de la nourriture est jetée chez nous en France.

L’échappée du mercredi : quand on partait sur les chemins

Le premier poste d’émission des français ? Vous savez que la réponse se trouve à la fin de cette phrase, mais tentez de nous devancer et de la dire avant nous… Les transports ? Exactement. Bien joué. Pas moins d’un tiers de notre empreinte carbone. La semaine arrive à son solstice (oui les solstices de semaine existent, c’est fou non ?). Trois actions simples, à prendre ou à laisser : 

  • Action 1 : tenter de monter aussi haut que possible sur la pyramide du déplacement quotidien. Tout en bas, il y a les avions, les vieux ferrys, qu’a priori vous ne prenez pas tous les jours (sinon, il faut VRAIMENT faire quelque chose). Une marche plus loin, c’est votre voiture, vide, triste, morne. Un peu plus haut, la même voiture, mais remplie de votre voisin, collègue, enfants. Covoiturage bonne ambiance. À une altitude qui commence à vous offrir une très belle vue sur l’avenir, il y a les transports en commun, le vélo électrique... Encore au-dessus, le graal : vos pieds, le vélo, des rollers. La mobilité douce, si douce. 
  • Action 2 : dans une récente intervention sur youtube, la star Jancovici mettait au défi le youtubeur Carlito de partir voir les aurores boréales du grand nord en train. “Et vos enfants se souviendront de ces vacances, plus que si tu le fais en avion”. Suivons Jean-Marc. Prenons notre grand rêve de vacances et projetons de vivre cela avec une lenteur et une douceur inégalée. Et si c’était pour cet été ?

Jeudi, J comme Job

Cela représente quand même les trois quarts de notre vie. Aller à vélo jusqu’à son boulot pour se mettre derrière un ordinateur pour vendre des hydrocarbures, c’est compliqué à accepter pour votre cerveau. La dissonance cognitive clignote un peu tout le temps dans nos neurones. Tentons en ce jeudi de la limiter, et ainsi de limiter notre empreinte, à travers 3 actions simplissimes mais faciles à appliquer : 

  • Action 1 : cahier ou écran ? Il y a de nombreux moments où écrire sur un bout de papier (en réunion, réflexion, etc) est en fait très confortable. Bim l’empreinte digitale. 
  • Action 2 : si vous êtes en phase de séisme professionnel, lancez-vous, c’est le moment. Et ajoutez à votre démarche de discernement Ikigaï une cinquième branche : Mission, Passion, Profession, Vocation ET empreinte carbone. Vous connaissez la plateforme d’emplois Jobs that makesense ?

Vendredi-moi tout sur ta banque

C’est fois nous n’irons pas par 4 chemins. Changer de banque, c’est rapide, vraiment rapide. Et cela peut faire une différence folle : jusqu’à 40% de notre empreinte carbone dans l’argent épargnée. 3 étapes pour, enfin, classer ce dossier en ce vendredi Sain : 

  • Action 1 : prendre une petite heure pour aller sur le site reclaim finance.org. En effet, 60 minutes suffiront a priori pour vous convaincre que les “grosses” têtes du monde bancaire français, ne citons pas de nom, Crédit Agricole, BNP et Société Générale, sont loin de se préoccuper de l’impact de notre argent sur les émissions de gaz à effet de serre. 

Action 2 : après avoir lu, quelques clics et vous changez de site (et de vie) : https://change-de-banque.org/. Vous allez voir, c’est simple et c’est doux, là encore.

Le weekend : repos général 

Vous avez été exemplaire tout au long de cette semaine. Néanmoins et avant de vous affaler sur votre canapé, deux dernières actions : 

  • Action 1 : Le retour à la maison, justement. Grosse prise de conscience sur le palier de votre porte : 27% de l’énergie totale en France est utilisée pour se loger. Une maison est aujourd’hui une grande machine électrique que Buster Keaton avait déjà bien sentie. Votre grille-pain, bouilloire et four… et le chauffage en hiver. Notez ce chiffre : 5 millions de logements sont mal isolés en France, 11 millions d’entre nous vivent donc dans des “passoires thermiques”. On ne va pas vous proposer de faire la rénovation thermique de votre bâtiment vous-même, quoique vous êtes peut-être bricoleur ou bricoleuse ? - mais vous pouvez au moins passer en revue les appareils électriques de votre chez-vous et voir 1) ce qui consomme et qui peut-être changé (vos ampoules notamment) et 2) ce qui est toujours allumé et peut-être éteint (le wifi la nuit, etc).
  • Action 2 : ne-rien-ficher. Et méditer, en respirant profondément et en regardant les feuilles d’un arbre danser, les 4 règles suivantes : 
  • Moins et mieux
  • Plus lent et moins loin 
  • Le plus pratique est souvent plus problématique 
  • Le meilleur mode n’est pas à la mode