“Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.” Partout, tout le temps, des personnes se mobilisent pour changer le cours de l’histoire. Et parfois, ça marche ! La preuve par 4 pour se remonter le moral.
Qui n’a pas rêvé parfois (ou souvent) d’un grand élan de mobilisation, un soulèvement qui rebat les cartes pour un monde plus juste, plus durable, où la sécheresse et les inégalités sociales ne seraient qu’un lointain souvenir ? Bon, en attendant de vivre dans un remake du film l’An 01 de Gébé, on peut tourner le regard vers le passé plus ou moins lointain et se nourrir des mobilisations menées souvent par des minorités de la population, qui ont permis de réelles avancées sociales ou environnementales. Comme quoi, une bonne poignée de poils à gratter bien déterminés peuvent avoir un véritable impact sur les lois et l’évolution de la société, voire carrément impulser un changement de paradigme. De quoi se redonner un shot d’énergie, et qui sait, en rejoindre ou en créer une à notre tour ?
Rassemblement de Suffragettes, octobre1916.
1. Les Suffragettes : des femmes en colère pas piquées des hannetons
Un grand classique quand on évoque les mobilisations féministes. Le terme de Suffragettes, censé être péjoratif, est utilisé par les médias pour discréditer ce mouvement de femmes de toutes les classes sociales qui réclament le droit de vote au début du 20e siècle en Grande-Bretagne. Elles mènent des actions diversifiées, certaines classiques comme des manifestations, et d’autres plus spectaculaires, comme la pratique de Jiu Jitsu pour se former à l’autodéfense (sisi), des grèves de la faim, l’enchaînement à des grilles d’institutions allant même jusqu’au sabotage. Une stratégie gagnante car elles finissent par remporter le morceau. En 1909, les femmes anglaises obtiennent le droit de vote au Royaume-Uni. D’autres luttes féministes ont suivi au 20e siècle, comme les mobilisations pour le droit à l’IVG, ou contre les violences faites aux femmes avec #Metoo et NousToutes.
À regarder sur le sujet : le documentaire Les Sufragettes, ni paillassons, ni prostituées.
2. Les Gilets Jaunes : quand la colère occupe les ronds-points
Suite à l’instauration d’une taxe du carburant, le mouvement des Gilets Jaunes naît en 2018 spontanément sur les réseaux sociaux avant de se transformer en manifestations et blocages emblématiques des ronds-points. Dépeint par les médias “mainstream” comme un mouvement violent et égoïste, il vient révéler un profond malaise d’une partie de la population qui ne se sent ni écoutée ni représentée par une démocratie défaillante. Le mouvement se structure progressivement et élargit ses revendications allant de la réinstauration de l’ISF (impôt sur la fortune) à la mise en place du RIC (Référendum d’Initiatives Citoyennes). Cette lutte aboutira notamment à la Convention citoyenne pour le Climat, avec 100 citoyens tirés au sort responsables d’écrire un ensemble de mesures répondant aux défis environnementaux et sociaux. Finalement, les propositions de mesure ne seront adoptées que (très) partiellement, le référendum promis par le président Emmanuel Macron n’ayant pas été mis en place.
3. La ZAD de Notre Dames Landes (Zone à Défendre) : et la persévérance paie
Un aéroport à Notre-Dame-des-Landes sur des terres paysannes en Loire-Atlantique pour éviter la soi-disant saturation de l’aéroport de Nantes ? Ce projet dans les cartons depuis les années 60 ressurgit au début des années 2000. Rapidement, la lutte s’organise, via la création d’une association, et le renfort en 2009 de militants d’ici et d’ailleurs qui inventent diverses stratégies de lutte (comme les clowns activistes qui font des performances à l’Aéroport de Nantes).
En 2014, la sonnette d’alarme est tirée et des milliers de personnes affluent de partout en France pour défendre cette zone. 200 personnes décident de s’y installer, construisant des cabanes qui seront régulièrement détruites par les policiers lors des nombreuses tentatives d’expulsion. La ZAD s’organise et devient le symbole d’un monde alternatif, où l’entraide et le respect du vivant sont des valeurs centrales. Le projet d’aéroport est finalement abandonné en 2019, les terres sont données aux habitants qui doivent en échange signer un acte de propriété, ce qui divise idéologiquement les Zadistes dont une partie quitte les lieux. Aujourd’hui la ZAD de NDDL est toujours habitée et héberge des projets comme l'École du Triton, une école naturaliste.
À lire sur le sujet : la bande-dessinée d’Alessandro pignocchi La recomposition des mondes.
Slogan repris dans une manifestation du 4 avril 2018 à Sacramento (Californie) afp.com/JUSTIN SULLIVAN
4. BlackLivesMatter, la vie des noirs compte
Né en 2013 aux États-Unis, ce mouvement prend de l’ampleur en 2020 lorsque George Floyd, un afro-américain est tué par un policier blanc à Minneapolis. Des mouvements spontanés naissent de l’indignation, allant de grandes manifestations au jet de peinture rouge sur des statues emblématiques de l’esclavage et de la domination blanche. Aujourd’hui, BlackLivesMatter est l’un des plus puissants mouvements de défense des droits des Noirs.
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